Test de troponine hautement sensible au chevet du patient : quand l’innovation aide à désengorger les urgences

Test de troponine hautement sensible au chevet du patient : quand l’innovation aide à désengorger les urgences



 

Le cabinet ASTERES a été mandaté par SIEMENS HEALTHINEERS pour travailler sur l’impact économique d’une innovation sur les services d’urgence : les tests de troponine hautement sensible. A cet égard, SIEMENS HEALTHINEERS a développé la solution Atellica® VTLi, dont les prix sont utilisés pour les bilans coût – avantage présentés dans l’étude.

Les économistes d’ASTERES ont bénéficié d’une totale indépendance dans la conduite de cette étude. Les sources de l’ensemble des données utilisées sont disponibles dans l’étude.

Les propos tenus ici n’engagent que le cabinet ASTERES.

 

 

L’innovation technologique peut, à son échelle, participer du désengorgement des urgences et des SMUR. En effet, une innovation comme le test de troponine hautement sensible au chevet du patient peut réduire drastiquement le temps passé aux urgences par les patients présentant une suspicion d’infarctus du myocarde évoquée par une douleur thoracique, et à plus long terme, transformer leur prise en charge en amont des urgences par les SMUR. Cette intervention pourrait bénéficier au million de patients admis aux urgences chaque année1 en France pour une douleur thoracique.

Test de troponine hautement sensible au chevet des patients aux urgences : vers une réduction du temps d’attente d’un million d’heures par an

L’instauration de tests de troponine hautement sensible au chevet du patient permettrait de réduire considérablement le temps passé aux urgences par les patients présentant une douleur thoracique, en réduisant le temps de rendu du test de 80 à 10 minutes, et le temps d’attente entre deux tests de trois à une heure. Parmi les patients admis aux urgences pour une douleur thoracique chaque année, près de 800 000 y reçoivent un ou deux dosages de troponine. Asterès évalue ainsi les effets du seul gain de temps lié au temps de rendu du test (scenario 1) et de la combinaison des gains de temps liés au temps de rendu et à l’attente réduite entre deux tests (scenario 2), à des économies respectives de 944 000 et 1,834 million d’heures par an.

Ce gain de temps patient peut ensuite se matérialiser de trois façons, selon les politiques publiques et les pratiques cliniques : baisse du temps d’attente moyen aux urgences, amélioration des conditions de travail des soignants ou économies budgétaires. Première option, la baisse du temps d’attente moyen des autres patients serait de 2,2% et 4,3% (scenario 1 et 2) si l’ensemble du gain y était réalloué. Deuxième option, l’allègement de la charge de travail des soignants des urgences serait de l’ordre de 468 000 à 909 000 heures par an si l’ensemble des gains y étaient réalloués. Troisième option, les économies de coût s’élèveraient à 90 millions d’euros et 176 millions d’euros par an, si le gain de temps est utilisé pour réduire à terme les dépenses des services d’urgences. D’autres options sont possibles, comme les hausses de salaires ou l’investissement dans l’innovation, et les options peuvent se combiner, en panachant par exemple les gains entre réduction de l’attente, allègement de la charge de travail des soignants et économies budgétaires.

In fine, le bilan coût – avantage est largement positif avec un gain collectif qui serait a minima et dès la première année de 69 millions d’euros dans le scénario 1 et de 155 millions d’euros dans le scénario 2. Le coût d’installation et le coût des tests s’élèvent à 21 millions d’euros la première année puis à 15 millions les années suivantes. Le bilan coût – avantage est réalisé ici en considérant le coût d’une minute passée aux urgences comme un proxy monétaire du gain du temps. En outre, ces chiffrages sont réalisés a minima et ne prennent pas en compte les conséquences médicales du gain de temps ni les dimensions socio-économiques.

Test de troponine hautement sensible au chevet des patients dans les véhicules SMUR : vers une libération de cent quarante mille heures de travail de médecins chaque année

L’instauration de tests de troponine hautement sensible au chevet du patient dans les véhicules SMUR permettrait de libérer du temps de médecin, en envoyant une ambulance avec seulement un infirmier et un ambulancier, et de réduire les transferts aux urgences en améliorant l’orientation dès le début de la prise en charge. Moyennant une réorganisation, ce sont ainsi 142 000 heures de travail de médecins du SMUR qui seraient libérées chaque année par l’introduction de ces tests. En équivalent monétaire, cela représente 3,6 millions d’euros par an. Le chiffrage de gains liés à la baisse des transferts secondaires est difficile à conduire par manque de données. Avec des hypothèses de baisse des transferts inter-hospitaliers de 5% à 15%, les économies escomptées s’élèveraient de 1,5 à 4,5 millions d’euros par an. En bilan coût – avantage, la seule économie du temps de médecin suffirait à équilibrer le coût d’installation et le coût des tests en quelques années. Ces chiffrages ne prennent en compte ni les bénéfices cliniques d’un meilleur parcours de soins pour les patients, ni les économies liées aux admissions évitées dans les services d’urgences pour les patients bénéficiant d’un test à domicile permettant d’exclure le diagnostic de syndrome coronarien aigu.