La Sclérose en plaques : le coût socio-économique égale le coût médical

La Sclérose en plaques : le coût socio-économique égale le coût médical



En France, la sclérose en plaques coûte 2,75 Mds€ chaque année. Pour établir ce constat, une enquête ad hoc auprès de patients a permis de récolter des données inédites sur les évolutions de leurs revenus, de leur situation professionnelle et de leurs dépenses liées à la SEP. En extrapolant les données de l’enquête, ASTERES a ensuite évalué le coût socio-économique total de la maladie. Puis ces manques à gagner et ces surcoûts ont été agrégés aux dépenses annuelles de l’Assurance maladie afin d’obtenir un coût total de la SEP en France. Et une première estimation des économies potentiellement engendrées par une administration généralisée de traitements précoces à haute efficacité a été réalisée, à partir d’un modèle développé par Novartis.

Pour pouvoir évaluer le coût socio-économique de la SEP et récolter des données indisponibles ailleurs, Asterès a mené une enquête auprès de patients. Cette dernière montre que la SEP bouleverse profondément le mode de vie des patients et de leurs proches, notamment au niveau professionnel. Grâce à une nouvelle modélisation consistant à améliorer la méthode classique des coûts de friction, Asterès évalue les pertes de production dues à la SEP à 760 M€ annuels. La SEP diminue le volume de travail de trois façons :

  • –  Chaque année, 1 800 actifs atteints de SEP quittent définitivement et prématurément le marché du travail. La moitié sort du marché du travail alors qu’ils sont encore en âge de travailler, tandis que l’autre part à la retraite de façon anticipée. Ces départs prématurés coûtent 75 M€ par an aux patients, aux entreprises et, pour ce qui est des jeunes retraités, à l’Assurance retraite.
  • –  Les actifs atteints de SEP qui parviennent à conserver leur emploi subissent, quant à eux, une diminution de leur temps de travail via la multiplication d’arrêts maladie, qui coûtent chaque année 353 M€, et le passage à temps partiel.
  • –  La SEP, qui s’accompagne pour les patients d’une dépendance croissante, réduit le temps de travail de milliers d’aidants. Chaque année, les jours non travaillés par les aidants représentent un manque à gagner de 275 M€.

    L’enquête a également permis de chiffrer les dépenses personnelles qu’engagent les patients pour faire face à leur affection. Celles-ci s’établissent à 90 M€ par an, malgré la prise en charge du parcours de soins au titre de l’Affection longue durée et les remboursements par les organismes complémentaires. Ces dépenses se situent pour les deux tiers hors du champ médical : elles comprennent entre autres l’achat de véhicules adaptés, les surcoûts engendrés par la prise en charge d’enfants – rendue difficile ou impossible par la SEP – et l’achat ou la location d’équipements d’aide à la mobilité. L’absence de prise en charge de certaines consultations, notamment celles avec des psychologues, grève le budget des patients.

    Ensuite, l’agrégation des résultats issus de l’enquête et des coûts médicaux publiés par l’Assurance maladie montre que le coût socio-économique de la SEP égale le coût médical. L’Assurance maladie dépense chaque année 1,36 Md€ en remboursements et prestations pour la SEP. Ces dépenses sont dominées par l’enveloppe médicament (713 M€ remboursés par an).

    Enfin, une première estimation prévisionnelle montre que le coût total de la SEP pourrait baisser, grâce à l’administration généralisée de traitements précoces à haute efficacité. Ces thérapies retarderaient l’aggravation des symptômes, et donc la dépendance des patients. Asterès s’est appuyée sur le modèle de probabilités d’avancée de la maladie développé par Novartis et sur ses propres modélisations tirées de l’enquête pour évaluer l’impact socio-économique de tels traitements. Cette estimation ne comprend pas le prix des thérapies elles-mêmes, qui devront faire l’objet de négociations entre les fabricants et les autorités sanitaires. Asterès évalue à 39 M€ les économies quipourraient être potentiellement réalisées chaque année, hors coûts des thérapies. La Sécurité sociale économiserait 29 M€ annuels, les ménages touchés par la SEP (patients et aidants) 7,7 M€ et les employeurs 2,5 M€.