L’obésité en France : un coût de 10,6 Mds€ par an pour la collectivité

L’obésité en France : un coût de 10,6 Mds€ par an pour la collectivité



Résumé exécutif

L’obésité est responsable chaque année de plus de 6,6 millions de pathologies, traitements et épisodes de soins, et de plus de 60 000 décès. L’obésité se définit comme une accumulation de graisse dans le tissu cellulaire sous-cutané accompagnée d’une modification du tissu adipeux et touche 17% de la population française adulte1, soit plus de 8,5 millions de personnes2. L’obésité est associée à de nombreuses autres pathologies ou états de santé et un certain nombre de cas peuvent lui être attribués. Ces cas, traitements, événements de santé indésirables ou décès causés par l’obésité sont appelés « complications de l’obésité » et sont évitables en réduisant sa prévalence. Asterès a estimé le nombre de cas et décès attribuables à l’obésité à l’aide de la notion épidémiologique du « risque attribuable à la population »3. D’après les calculs d’Asterès, l’obésité est reponsable en France chaque année d’environ 1,8 million de maladies cardio-neurovasculaires, 1,8 million d’affections ostéoarticulaires et musculaires, 1,7 million de maladies métaboliques, 830 000 maladies respiratoires, 160 000 cancers et presque 280 000 autres maladies. Les maladies cardio-neurovasculaires causées par l’obésité sont responsables chaque année d’environ 30 400 décès, les maladies métaboliques 22 100 décès, les cancers 8 100 décès et l’asthme grave une centaine de décès.

La prise en charge de l’obésité et de ses complications représente un coût évitable pour l’Assurance maladie, les organismes complémentaires et les entreprises de 10,6 Mds€ par an, soit 1240€ en moyenne par individu concerné. Ce coût englobe le coût des hospitalisations pour prise en charge de l’obésité (2%), notamment la chirurgie bariatrique, et le coût des complications de l’obésité (98%). Cette estimation est conservatrice comparée aux estimations de la littérature (voir partie 6.1) car elle reflète le choix d’Asterès de ne chiffrer que les coûts effectivement évitables, c’est-à-dire les dépenses de santé qui seraient économisées (coût médical) et la production nette supplémentaire qui serait réalisée (coût socio-économique) si l’obésité était éradiquée de la population. Asterès ne comptabilise pas les coûts intangibles, ni le reste à charge, et se limite aux coûts de friction de l’absentéisme (arrêts de travail) et aux coûts de friction cumulés des décès concernant le coût socio- économique. Ce coût évitable de l’obésité est réparti entre l’Assurance maladie (79%), les OCAM (13%) et les entreprises (9%) :

  •  Le coût pour l’Assurance maladie s’élève à 8,4 Mds€ par an, ce qui représente 5,0% du montant total remboursé par l’Assurance maladie en 2020. Ce coût comprend 5,4 Mds€ de soins de ville (65%), 2,2 Mds€ de soins hospitaliers (26%) et 0,8 Md€ d’indemnités journalières et prestations d’invalidité (9%). Ce coût a été obtenu en multipliant le coût moyen de chaque complication ou traitement de l’obésité par le nombre de cas attribuables à l’obésité. Les troiscomplications les plus coûteuses pour l’Assurance maladie sont le diabète (36% du coût), les cancers (12%) et la maladie coronaire (10%).
  •  Le coût pour les OCAM s’élève à 1,3 Md€ par an, ce qui représente 4,5% des prestations versées par les OCAM à leurs assurés en 2020. Ce coût comprend 1,1 Md€ de soins de ville(82%) et 0,2 Md€ de soins hospitaliers (18%). Ce coût a été estimé à partir du coût pour l’Assurance maladie (hors dépenses ALD) en appliquant, pour chaque type de soin, le taux de prise en charge par l’assurance maladie complémentaire. Les trois complications les plus coûteuses pour les OCAM sont l’hypertension (20% du coût), la lombalgie (19%) et le syndrome de l’apnée du sommeil (15%).
  • Le coût pour les entreprises s’élève à 0,9 Md€ par an. Ce coût comprend 0,5 Md€ de pertes nettes de production induites par les arrêts de travail (60%) et 0,4 Md€ de pertes nettes de production induites par les décès (40%). Ces coûts prennent en compte la compensation d’une partie de l’activité par les collègues en cas d’absence (à hauteur de 56% en moyenne selon une revue de littérature menée par Asterès4), et la possibilité pour une économie de s’adapter à long- terme au décès d’un actif (par la formation, l’innovation technologique ou l’immigration), conduisant à des estimations plutôt conservatrices. Les trois complications les plus coûteuses pour les entreprises sont le diabète (24% du coût), les lombalgies (16%) et les cancers (12%).