Nicolas Bouzou répond aux questions du « Cercle Les Echos » sur la trajectoire des dépenses publiques.
Nicolas Bouzou : « N’ayons pas les yeux rivés sur le déficit public »
LE CERCLE/INTERVIEW – L’économiste Nicolas Bouzou répond aux questions du « Cercle Les Echos » sur la trajectoire des dépenses publiques. Il estime que la recherche d’économies n’est pas une fin en soi.
Avant de quitter Bercy, Michel Sapin avait assuré que le déficit public serait cantonné à 2,8% du PIB en 2017. Didier Migaud, le président de la Cour des comptes, avait alors jugé ce niveau« improbable ». Fin mai, dans un rapport sur l’exécution du budget 2016, les sages de la rue Cambon se sont montrés critiques sur la gestion financière de l’équipe Hollande. Une source gouvernementale avait même confié aux « Echos » la nécessité de trouver « 4 à 5 milliards d’euros d’économies pour revenir sous le seuil des 3% ». Nicolas Bouzou, directeur fondateur du cabinet d’études et économiques et de conseil Asterès, fait le point.
Récemment, la Cour des comptes s’est montrée très critique sur le bilan budgétaire de François Hollande en 2016. Quel regard portez-vous sur sa gestion des deniers publics ?
La réduction des déficits publics sous François Hollande s’est faite sans réorganisation de l’Etat et des administrations publiques. Au début de son quinquennat, l’ancien président de la République a décidé d’une forte hausse des prélèvements obligatoires.
Et nous avons observé a la fin du mandat un infléchissement des dépenses publiques qui n’est finalement que conjoncturel. Cette absence de réforme de fond n’a pas permis de réduire de façon pérenne les dépenses ou d’augmenter les recettes. L’ancien chef de l’Etat a certes réduit les déficits, mais il l’a fait à marche forcée.
Les engagements pris lors du précédent quinquennat ne vont-ils pas contraindre les choix du gouvernement Philippe en matière budgétaire ?
C’est certain, d’autant plus que la marge de manoeuvre offerte par des taux d’intérêts bas pourrait disparaître. Mais je pense qu’Emmanuel Macron et Edouard Philippe sont à peu près d’accord sur l’idée que la réduction des déficits n’est pas un objectif en soi. Pour eux, ce qui compte, c’est de rendre solvable l’Etat sur le long terme.
« Au gouvernement d’Edouard Philippe d’en profiter pour engager des réformes de fond. »
N’ayons pas les yeux rivés sur le déficit public. D’autant plus que nos partenaires européens ont l’impression que la France va enfin engager de véritables réformes structurelles. Ils devraient logiquement se montrer moins sévères à notre égard. Au gouvernement d’Edouard Philippe d’en profiter pour engager des réformes de fond.
L’exécutif doit-il trouver 4 à 5 milliards d’économies pour garder un déficit public inférieur à 3 % du PIB en 2017 ?
Le programme du candidat Macron était assez peu documenté sur ses engagements en matière d’économies budgétaires. Je ne sais pas s’il cherchera à en faire pour le budget 2017. Ni même où trouver ces 4 à 5 milliards. En effet, le seul domaine dans lequel les pouvoirs publics peuvent encore économiser de l’argent sans réforme est les retraites. Seulement, le président de la République préférerait une réforme du système des retraites sur la durée, plutôt qu’une hausse de l’âge de départ, comme le proposait François Fillon.
En tant qu’économiste, cela ne me traumatise pas que notre déficit soit légèrement au-dessus des 3 % du PIB. Une vraie réflexion sur le périmètre de l’Etat est préférable à la recherche obstinée de 4 à 5 milliards.
Propos recueillis par Kévin Badeau pour Les Echos
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