Face à une inflation toujours élevée, les Français privilégient l’épargne à la consommation


20 décembre 2022

Publié le 30 nov. 2022 sur Les Échos

En novembre, la hausse des prix à la consommation a atteint 6,2 % sur un an comme en octobre, selon l’estimation provisoire publiée ce mercredi par l’Insee. Les économistes estiment que le pic d’inflation n’est pas encore atteint. Malgré un rebond du pouvoir d’achat au troisième trimestre, la consommation cale déjà. Le taux d’épargne, lui, remonte nettement.

L’inflation ne faiblit pas. La hausse des prix à la consommation en France a atteint 6,2 % sur un an en novembre, comme au mois d’octobre , selon l’estimation provisoire publiée ce mercredi matin par l’Insee.

Elle est alimentée, toujours, par l’envolée des prix de l’énergie (+18 %), même si la hausse a ralenti en raison du retournement des cours du pétrole. Les prix alimentaires ont continué, eux, d’augmenter ce mois-ci de 12,2 % sur un an et les prix manufacturés de 4,4 %. Ceux des services ont décéléré en revanche (+3 %).

Du fait de la réduction de la ristourne à la pompe de 30 à 10 centimes par litre de carburant, mi-novembre , « on aurait pu attendre une hausse de l’inflation », observe Sylvain Bersinger économiste chez Asterès, qui note deux autres points positifs : la hausse des prix, en variation mensuelle, est tombée de 1 % à 0,4 %. Par ailleurs, les prix de production dans l’industrie ont reculé de 1,1 % en octobre.

Effet boomerang

La France fait toutefois moins bien que la zone euro où, pour la première fois en dix-sept mois, les prix ont diminué en novembre. « Le pic est devant nous. Et il est probable qu’il soit plus tardif que dans le reste de la zone euro », prévient Mathieu Plane économiste à l’OFCE.

Selon les économistes, l’arrivée d’une version moins généreuse du bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité à partir de janvier devrait ajouter de l’inflation dans l’Hexagone, entre 0,6 et 0,7 point d’inflation, selon Rexecode. « Cela va faire remonter le niveau des prix de l’énergie payée par les ménages, ce qui entraînera une augmentation de l’inflation au cours des douze mois suivant son entrée en vigueur », explique Gilbert Cette, professeur à Neoma Business School.

Selon lui, après avoir été le bon élève de la lutte contre l’inflation, l’Hexagone risque même de subir des hausses de prix plus fortes que ses voisins européens le jour où les cours de l’énergie reflueront. « Si les prix de marché du gaz et de l’électricité baissent tout en restant supérieurs au prix garanti par l’Etat avec son bouclier tarifaire, ce sera neutre pour l’inflation en France. En revanche, dans les pays de la zone euro qui n’ont pas de bouclier le repli du taux d’inflation sera mécanique », argue-t-il.

Chute des achats de biens

Pour l’instant, l’inflation pèse sur la consommation et sur la croissance. Au troisième trimestre, l’activité économique n’a progressé que de 0,2 %, a confirmé l’Insee, et les dépenses des ménages sont restées quasi stables (-0,1 %). Signe de mauvais augure pour la croissance en fin d’année, en octobre, les achats de biens ont chuté de 2,8 % en volume.

Pendant l’été, le revenu disponible brut (RDB) a certes augmenté, de 2,6 % en euros courants, grâce aux revalorisations des prestations sociales, à l’accélération des salaires, en particulier du SMIC et aussi aux créations d’emploi. « Mais les prélèvements fiscaux sont en nette hausse », indique l’Insee. In fine sur la période, le pouvoir d’achat par unité de consommation a rebondi de 0,8 % mais il reste sous pression après le fort recul enregistré au premier (-1,8 %) comme au deuxième trimestre (-1 %).

0,5 point de PIB

Par ailleurs, le contexte nimbé d’incertitudes entre les risques géopolitiques, la flambée des prix et la crise énergétique incite à la prudence. Plutôt que dépenser, les ménages affichent une nette préférence pour l’épargne de précaution, même si elle est dépréciée par l’inflation : leur taux d’épargne est ainsi remonté à 16,6 % du revenu disponible, contre 15,8 % fin juin.

La bonne surprise vient des entreprises . Au troisième trimestre 2022, leur taux de marge a augmenté de 0,3 point pour s’établir à 31,8 % et leurs investissements progressent de 1,7 %. La contribution du commerce extérieur à l’évolution du PIB reste, en revanche, négative. « A ce stade, ce n’est pas le scénario le plus noir qui attend l’économie française en fin d’année », estime Mathieu Plane. Selon ses calculs, il faudra néanmoins « a minima 0,5 % de croissance au dernier trimestre » pour que le PIB progresse de 2,7 % en 2022 comme le prévoit Bercy.

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