Alerte éco – La voilà, la déflation
Jeudi 11 décembre, l’Insee a publié les chiffres de l’inflation pour le mois de novembre 2014.
En novembre 2014, l’indice des prix à la consommation a reculé de 0,2% par rapport à octobre. C’est le troisième mois consécutif sans hausse des prix. Sur un an, les prix augmentent de 0,3% (contre 0,5% il y a un mois).
– La baisse touche l’ensemble des types de produits (alimentation, services, énergie). Elle est particulièrement marquée sur les prix des produits pétroliers, -2,7%, en lien direct avec le prix du baril, descendu sous les 70€.
– La baisse des cours pétroliers s’explique en premier lieu par la production de pétrole et de gaz de schiste aux Etats-Unis, devenus exportateurs nets d’énergie. Cependant, il n’est pas à exclure que les pays pétroliers abondent les marchés internationaux pour limiter les investissements dans des formes alternatives d’énergie (pétroles non-conventionnels et énergies renouvelables).
– L’impact positif de la baisse des prix de l’énergie sur le pouvoir d’achat est fortement limité par la faible élasticité des prix à la pompe (du fait de la TIPP) et par la réduction structurelle de la consommation des véhicules. La compétitivité-coût de l’industrie française sort érodée de la baisse des cours du pétrole : le parc nucléaire français rend les coûts de production industrielle assez indépendante du prix du baril. Les industries concurrentes profitent donc plus que la France d’une baisse des cours.
L’inflation sous-jacente, qui traduit l’évolution profonde des coûts de production, est négative pour la première fois depuis que la série existe (1990). Elle recule de 0,1% par rapport à octobre et de 0,2% par rapport à novembre 2013. L’inflation sous-jacente ne comprend pas les prix déterminés par les pouvoirs publics, les mesures fiscales et les produits volatils (énergie notamment).
– L’inflation sous-jacente nous révèle que les prix baisseraient même sans chute des cours du pétrole. L’économie française est en déflation : l’IPC n’est pas négatif seulement suite à une conjonction de facteurs exogènes mais bien à une évolution structurelle des coûts de production et du couple offre-demande.
La BCE considère que les conséquences d’une spirale déflationniste méritent une action pragmatique et rapide. Ce jeudi après-midi seront communiqués les chiffres du LTRO, qui vise à refinancer les banques pour relancer la création monétaire dans la zone euro.
– De la réussite du LTRO dépend probablement la mise en œuvre et l’ampleur d’une politique de quantitative easing, c’est-à-dire d’achat de dette publique, début 2015. La BCE estime donc que les risques liés à une politique monétaire expansionniste non-conventionnelle (la formation de bulles sur certains actifs) ne surpassent pas les risques d’une entrée en déflation de la zone euro.
– Les conséquences pour l’économie française passent notamment par l’évolution des taux de change, l’euro devrait continuer à se déprécier sur les marchés internationaux. La compétitivité-coût de l’économie française en sortira renforcée par rapport à ses concurrents hors zone euro. Cela rend encore plus nécessaires les réformes structurelles pour profiter de l’éclaircie monétaire face à nos concurrents mondiaux.
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