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Production d’hydrogène vert : la France prend un mauvais départ

Guillaume Moukala Same – Chargé d’études économiques
économie énergie
30 septembre 2024

La France déploie actuellement ses capacités de production d’hydrogène vert à un rythme insuffisant pour atteindre l’objectif fixé par la stratégie nationale et se situe loin derrière les leaders européens du marché en termes de capacités installées, un retard qui n’a toutefois rien d’une fatalité. Annoncée en septembre 2020, la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène (SNH) vise à développer une filière française d’hydrogène vert en installant 6,5 GW d’électrolyseurs d’ici 2030, soit un taux de croissance annuel moyen des capacités de production entre 2020 et 2030 de +128% par an. En 2023, la France affiche déjà un retard sur cette trajectoire, puisque les capacités de production n’ont cru que de 92% par an sur trois ans, et sur les pays voisins comparables, puisque les capacités installées s’élèvent à seulement 12 MW, contre 36 MW en Espagne et 77 MW en Allemagne. Ce retard s’explique à la fois par un manque de projets et un retard des projets annoncés pour 2023. À partir de 2024 cependant, le rythme de déploiement pourrait s’accélérer : le nombre de projets annoncés augmente considérablement, dépassant le volume nécessaire pour atteindre l’objectif de 2030 avec un taux de déploiement constant. L’enjeu réside alors dans la concrétisation de ces projets, dont 99 % demeurent à un stade de maturité précoce – en phase de conceptualisation ou d’étude. Cette incertitude n’est pas propre à la France : en Europe, entre 96% et 100% des projets annoncés pour 2030 ne sont pas encore concrétisés – c’est-à-dire que la décision finale d’investissement n’a pas été donnée. Le développement de l’aval de la chaîne (les usages), via notamment des commandes publiques, et la baisse du coût de production seront clés pour convaincre et attirer les investisseurs. Notons qu’à l’inverse, la qualification de l’hydrogène bleu d’hydrogène « bas-carbone » dans l’arrêté du 1 juillet 20241 pourrait conduire les investisseurs à se désintéresser de l’hydrogène vert, plus coûteux.

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