Quel impact de la libéralisation de la politique de prévention ?
Nouveaux marchés : tous touchés par la politique de prévention en santé ?
A qui profitera la politique de prévention ? Est-ce un nouveau marché pour les acteurs de la santé, qu’ils soient traditionnels ou nouveaux entrants ?
La réponse n’est pas encore aisée à donner. Mais il est certain que cette politique touche un grand nombre d’acteurs du marché de la santé.
« Les politiques de prévention ont un impact sur les acteurs économiques, bien sûr, synthétise Christophe Marques, économiste du cabinet Asterès. Mais cet impact varie selon les politiques et les acteurs qui les engagent. » Les politiques de prévention primaire menées par les pouvoirs publics ont pour objectif de diminuer l’incidence d’une maladie ou d’un problème de santé. Les conséquences sur les acteurs sont surtout identifiables en « négatif ».
« En matière de lutte contre le tabagisme, par exemple, elles consistent à augmenter les taxes sur le tabac, à imposer le paquet neutre ou encore, à lancer de grandes campagnes de communication », rappelle Christophe Marques. Ce qui impacte potentiellement les fabricants de cigarettes et les bureaux de tabac.
La lutte contre l’obésité (sensibilisation aux risques, remboursement de la prescription d’activité sportive, taxe soda etc.) ou le cancer (réduction des gaz à effet de serre, réduction de la dépendance au diesel, démolition/réhabilitation des immeubles amiantés etc.) ne sont pas non plus sans conséquence pour un grand nombre d’opérateurs économiques, « dans la sphère de la santé comme dans la sphère de l’alimentation, de l’environnement, des transports, de l’automobile, du bâtiment, du logement, voire de l’entreprise », liste l’économiste.
Mais les conséquences exactes des politiques de prévention primaire restent toutefois difficiles à mesurer, notamment à court terme. En effet, « il existe globalement, en France, un défaut d’évaluation des politiques publiques », pointe Stéphane Billon, économiste de la santé et Directeur associé de Kamedis Conseils.
Une opportunité pour les objets connectés, DM ou autres
Les politiques de prévention secondaire, destinées à réduire la gravité d’une maladie déclarée, et de prévention tertiaire, destinées à éviter la survenue de complications et de rechutes des maladies traitées, font, quant à elles, la part belle aux fabricants de dispositifs médicaux destinés au diagnostic et à la télémédecine (objets connectés, logiciels et applications mobiles en santé).
Les opérateurs chargés d’assurer une couverture réseaux optimale (réseaux mobiles, Internet et fibre optique) sont, de leur côté, mobilisés pour assurer le bon fonctionnement des appareils de téléconsultation, de télé-expertise ou encore de télésuivi, à l’heure où le Gouvernement souhaite renforcer la télémédecine dans l’Hexagone.
« Potentiellement, tous les acteurs économiques peuvent être impactés par les stratégies de prévention », poursuit Christophe Marques. Et ce, d’autant plus qu’« à l’avenir, nous devons nous attendre à une libéralisation des campagnes et des politiques de prévention en santé », estime Stéphane Billon. Selon lui, « des acteurs privés mèneront de plus en plus d’actions de prévention avec leurs outils propres ».
La libéralisation de la prévention, une opportunité pour le secteur privé
De fait, certains fabricants, non pas de dispositifs médicaux mais d’outils dits de bien-être permettant de capter et d’enregistrer un certain nombre de données de santé (qualité du sommeil, rythme cardiaque, nombre de pas dans la journée etc.), surfent, depuis quelques années, sur la vague de la e-santé et de la m-santé. Selon une enquête menée en 2016 par le cabinet Deloitte et l’Ifop intitulée « Les Français face au tournant de la e-santé », 59 % des Français font d’ailleurs confiance aux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon etc.) et 58 % les jugent légitimes, notamment dans les domaines de la prévention et de l’éducation dans la santé.
Les mutuelles et les assurances santé, qui se considèrent souvent comme des « payeurs aveugles », entendent, elles aussi, investir ce champ, quand bien même cela représente-t-il un certain coût. « Aujourd’hui, les complémentaires santé ont des capacités d’investissement dans la prévention en santé », reconnaît Christophe Marques. Elles s’en servent pour organiser des conférences, des ateliers ou des groupes d’échanges sur différents thèmes de santé.
En somme, de nombreux acteurs de la Santé, traditionnels ou nouveaux entrants, se positionnent sur la prévention. Une effervescence que l’on retrouvera lors de la Paris Healthcare Week 2018 où ce thème sera omniprésent sur les stands mis également lors des conférences et des agoras.
par Emmanuel Foa, le 15-01-2018
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