Madagascar, une population toujours plus pauvre

Madagascar, une population toujours plus pauvre



La population malgache est dans une situation économique et sociale critique et cela s’est globalement empiré depuis 5 ans. La richesse par habitant et les accès aux infrastructures publiques (eau, électricité, Internet) sont parmi les dix plus faibles au monde. Surtout, la situation s’empire progressivement avec, en 5 ans, un appauvrissement du pays et un effondrement de la balance commerciale pendant que la lutte contre la corruption, l’accès aux infrastructures, la santé et l’éducation ne progressent pas. L’ensemble des indicateurs présentés ci-dessous sont issus des bases de données de la Banque Mondiale.

Economie & commerce : un pays en proie à des difficultés considérables

Déjà largement plus pauvre que la moyenne de l’Afrique subsaharienne il y a 5 ans, Madagascar et sa population ont depuis vu leur situation se dégrader plus rapidement que la moyenne. Avec un PIB par habitant de 1 502$, Madagascar est l’un des dix pays les plus pauvres du monde en 2022 (175ème sur 184). Par habitant, la richesse est inférieure de 2,5 fois à la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne. Depuis 5 ans, le PIB par habitant a reculé de -3,2%, quand il baissait de -1,8% dans les pays de la zone. La population malgache, déjà bien plus pauvre que le reste de la zone il y a cinq ans, a ainsi vu la situation encore se dégrader. In fine, le taux de pauvreté est de 75% à Madagascar contre 35% dans l’Afrique subsaharienne.

D’un point de vue macroéconomique, l’économie malgache importe largement plus qu’elle n’exporte, et le déficit a explosé en 5 ans. Le solde commercial de Madagascar est largement négatif, à -9,0% du PIB, quand celui de la moyenne de l’Afrique subsaharienne s’élève à -2,4% du PIB. Cette situation s’est considérablement dégradée ces cinq dernières années, puisque le solde commercial de Madagascar s’élevait à +0,7% en 2018. Pendant la même période, le déficit de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne s’est pour sa part réduit.

Corruption, infrastructures, santé & éducation : peu d’éclaircies dans les politiques publiques

La corruption est élevée à Madagascar et s’est très légèrement réduite depuis 5 ans. Selon la Banque Mondiale et World Justice Project, Madagascar est l’un des pays au monde où la corruption est la plus présente (40ème sur 203). L’indice global d’absence de corruption s’élève à -0,93 pour 2021 (situé entre -2,5 et 2,5) quand il était de -1,0 en 2018.

L’accès aux infrastructures publiques (eau, électricité, internet) est l’un des plus difficiles au monde et le bilan sur 5 ans est mitigé. Les accès sont systématiquement largement plus compliqués que dans la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne et sur 5 ans ce sont parfois légèrement amélioré (eau), légèrement détérioré (électricité) ou ont nettement progressé (Internet).

  • –  Madagascar est l’un des dix pays au monde où l’accès à l’eau est le plus difficile (184ème sur 192). En 2020, ce sont 53% des Malgaches qui avaient accès à des services d’eau potable contre 64% en moyenne en Afrique subsaharienne. Depuis 5 ans, l’accès s’est amélioré (51% en 2017), mais moins rapidement que dans la zone (62% en 2017 pour l’Afrique subsaharienne).
  • –  Madagascar est l’un des quinze pays où l’accès à l’électricité est le moins développé (203ème sur 215). Ce sont 35% des Malgaches qui ont accès aux réseaux d’électricité contre 51% en moyenne en Afrique subsaharienne. Depuis 5 ans, l’accès a légèrement baissé (36%) quand il augmentait dans la zone (46%).

– Madagascar est l’un des dix pays où l’utilisation d’Internet haut-débit est le plus rare (211ème sur 217). Cela concerne 20% de la population contre 36% en Afrique subsaharienne. Depuis 5 ans, l’accès est en hausse rapide (+15 points).

La situation dans la santé et l’éducation est un peu moins critique que dans les autres domaines et stagne depuis 5 ans. L’espérance de vie, le taux de mortalité infantile et le taux d’alphabétisation sont meilleurs que pour les pays d’Afrique subsaharienne, quand les indicateurs de pauvreté ou d’infrastructures étaient systématiquement inférieurs. Depuis 5 ans, un indicateur se détériore très faiblement (mortalité infantile) quand l’autre s’améliore très faiblement (taux d’alphabétisation) et le troisième dépend de la prise en compte ou non du covid (espérance de vie).

  • –  Madagascar se situe dans les quarante pires pays du monde concernant l’espérance de vie à la naissance (167ème sur 209) et les vingt concernant la mortalité infantile (176ème sur 196), tout en étant meilleur que la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne. Malheureusement, depuis 5 ans, le taux de mortalité infantile s’est très légèrement détérioré (de 65 pour 1 000 à 66 pour 1 000) quand il s’améliorait dans la zone (de 82 pour 1 000 à 73 pour 1 000) et les dépenses de santé ont été réduites (de 2,2% du PIB à 1,4% du PIB). Concernant l’espérance de vie elle s’est améliorée légèrement entre 2017 et 2020 (65,09 ans à 65,18 ans) avant de baisser en 2021 à cause du Covid (64,49 ans). Sur ce point, l’Afrique subsaharienne rattrape légèrement Madagascar.
  • –  Madagascar se situe dans les vingt derniers pays du monde concernant le taux d’alphabétisation des 15 – 24 ans (115ème sur 134), tout en étant meilleur que la moyenne de l’Afrique subsaharienne (77% contre 67%). Depuis 5 ans, ce taux a légèrement augmenté (de 0,6 point) quand le poids des dépenses d’éducation dans l’ensemble des dépenses publiques s’est réduit (de 20% en 2018 à 14% en 2021).

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