Alerte éco – Trois réformes pour l'emploi
Le mardi 27 janvier la Dares a publié le nombre de demandeurs d’emploi en décembre 2014.
Le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 3,5 millions en décembre 2014 en catégorie A, soit une hausse de 0,2% sur un mois et de 5,7% sur un an.
– La hausse continue du nombre de demandeurs d’emploi s’explique par la conjonction de facteurs conjoncturels et structurels. D’une part, l’activité économique est morose (demande intérieure atone et croissance faible en zone euro), d’autre part, les structures de l’économie française incitent peu les entreprises à embaucher même si leur carnet de commande se remplit.
Trois chiffres publiés cette après-midi par la Dares mettent en lumière les blocages de l’économie française.
– Les offres d’emploi collectées par Pôle Emploi sont en baisse de 1,7% sur le mois et de 5,4% sur l’année. Le chômage ne se joue pas en luttant contre les destructions d’emploi mais surtout en favorisant les créations. L’économie mute, il est normal que des entreprises ferment. Les politiques publiques doivent favoriser les créations de postes, et donc réduire les freins à l’embauche, notamment les seuils sociaux. Le tissu économique pourra alors se renouveler, non s’effilocher.
– Les fins de contrat à durée déterminée (CDD) sont la première cause identifiée d’entrée à Pôle Emploi, avec 114 000 nouveaux demandeurs d’emploi en fin de CDD en décembre. Il convient de réduire les rigidités à l’embauche. Pour ce faire, deux économistes français à la réputation mondiale, Jean Tirole et Olivier Blanchard ont proposé la création d’un contrat de travail unique dont les droits seraient proportionnels au temps passé dans l’entreprise. Les CDD se transformant alors progressivement en CDI.
– Le nombre de demandeurs d’emploi de plus d’un an continue d’augmenter (+9,7% sur l’année) à 2,2 millions. Idem pour les demandeurs depuis plus de 3 ans (+19,1%) à 705 000. Les demandeurs d’emploi de longue durée nourrissent la part « structurelle » du taux de chômage : même avec un retour de la croissance économique, ils risquent de rester sans emploi. Une politique de formation continue efficace est absolument indispensable pour offrir une seconde (ou troisième) vie professionnelle aux demandeurs d’emplois originaires de secteurs en perte de vitesse.
Limiter l’effet néfaste des seuils sociaux, créer un contrat unique, mettre en place une politique efficace de formation continue constituent des clefs structurelles de la lutte pour l’emploi. Plus largement, l’action conjointe du gouvernement français sur le plan structurel et de la BCE et la Commission sur le plan conjoncturel est nécessaire.
– Le chômage dit « structurel » est estimé en France par l’OCDE à 9%. Ainsi, même avec une croissance économique de 1,5%, le taux de chômage ne descendra pas, sans réformes, sous les 9%. L’action pour l’emploi relève donc de toutes les politiques économiques : renforcer la compétitivité des entreprises, simplifier la vie administrative, améliorer les infrastructures, etc. La politique de l’emploi est une politique globale.
Les mesures conjoncturelles, qui visent à relancer l’activité, sont aujourd’hui mises en œuvre au niveau européen : quantitative easing par la BCE qui permet de faire baisser l’euro et espère relancer le crédit ; politique d’investissement avec le Plan Juncker.
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