Entretien de Nicolas Bouzou avec Gestion (Montréal) : les grandes mutations en cours, menaces ou possibilités nouvelles ?


4 mars 2016

 

Il y a pourtant des gens dont l’emploi est réellement menacé par les mutations en cours. Comment peut-on faire en sorte que, durant cette phase de transition, tout le monde puisse y trouver son compte?Journaliste : 

 

Lors de sa séance du 19 février dernier, l’APM Montréal recevait l’économiste et essayiste français Nicolas Bouzou. Auteur de nombreux ouvrages et également fondateur et directeur du cabinet de conseil Asterès, Nicolas Bouzou arrivait directement de France afin de nous proposer des pistes pour mieux « comprendre les mutations de l’économie » et la manière de les aborder. Gestion a eu le privilège de s’entretenir avec lui sur le sujet.  

 

Votre conférence présentée à l’APM prenait pour point de départ les grandes mutations en cours. Quelle est la nature de ces mutations ?

Nicolas Bouzou :

Je considère que nous sommes entrés dans une période de mutations technologiques, économiques et sociales qui est peut-être la plus importante depuis la Renaissance, au XVe siècle. Beaucoup de personnes l’associent à la numérisation. Or, je crois que la phase de bouleversements actuelle va au-delà de la numérisation et qu’elle est bien synthétisée par l’acronyme NBIC, qui tient pour nanotechnologies (N), biotechnologies (B), sciences de l’information (I) et sciences cognitives (C), c’est-à-dire l’intelligence artificielle. C’est effectivement la convergence entre ces quatre types de technologies qui est en train de changer complètement notre économie.

De surcroît, nous faisons actuellement face à une révolution qui se distingue des révolutions industrielles passées puisque, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, elle touche le monde entier. D’ailleurs, lorsque j’ai ouvert ma conférence à l’APM, j’ai cité l’anecdote suivante. Quand je suis arrivé à Montréal il y a quelques jours, j’ai lu la presse d’ici. En une, il y avait le combat entre les taxis et Uber. Il s’agit d’un cas intéressant car, où que je me trouve dans le monde aujourd’hui, la presse locale évoque cette rivalité. On en avait beaucoup parlé ces derniers jours à Paris, d’où j’arrivais, et idem à Genève, où j’avais voyagé la semaine précédente. Uber, au fond, est une entreprise non pas du transport comme nous avons tendance à le croire d’emblée, mais une entreprise des NBIC, du secteur des technologies. Et cette entreprise participe des mutations en cours parce qu’elle génère ce que les économistes appellent un effet de « destruction créatrice », ce principe selon lequel de nouvelles activités émergent alors que d’autres sont appelées à disparaître. Et c’est bien là le problème entre Uber et les taxis.

 

Doit-on craindre les conséquences des changements en cours, plus précisément celles de la destruction créatrice ?

Il y a pourtant des gens dont l’emploi est réellement menacé par les mutations en cours. Comment peut-on faire en sorte que, durant cette phase de transition, tout le monde puisse y trouver son compte ?

Faudrait-il voir les changements en cours comme des sources de possibilités nouvelles ? 

 

Accéder à la suite de l’entretien sur le site Gestion.