L’inflation américaine augmente moins vite que prévu, la hausse des taux commence à faire effet
Publié le 13 décembre 2022 sur La Tribune
C’est la plus faible progression des prix depuis décembre 2021 aux Etats-Unis. L’inflation de la première économie mondiale a augmenté de 7,1% en novembre par rapport à 2021, selon l’indice CPI publié ce mardi 13 décembre par le département du Travail américain. Une hausse qui se révèle moins forte que les 7,3% attendus par les analystes, selon le consensus de Market Watch, notamment avec la baisse du coût de l’essence. C’est également moins que celle de 7,7% d’octobre 2022, ou encore de 8,2% enregistrée en septembre sur un an.
De plus, sur un mois, les prix n’ont augmenté que de 0,1%, contre 0,4% en octobre. C’est également une agréable surprise pour les Etats-Unis puisque les analystes s’attendaient à une nouvelle accélération, tablant sur +0,2% sur un mois, selon le même consensus.
Une inflation portée par le logement, malgré une baisse des coûts énergétiques
Le prix des logements, tant à la location qu’à l’achat, s’est avéré le « principal contributeur à l’augmentation mensuelle » et a été plus fort que la baisse des prix de l’énergie et de l’essence, précise le département du Travail américain dans son communiqué publié ce mardi.
« Les prix évoluent dans la bonne direction, mais restent très élevés en rythme annuel », observe Rubeela Farooqi, économiste pour HFE, dans une note. Ainsi, si l’inflation diminue plus qu’attendu, elle devrait encore être élevée pendant quelques mois. En effet, alors que le pic d’inflation a été atteint en juin dernier, avec une hausse des prix de 9,1% par rapport à juin 2021, la décrue est assez lente depuis. « Je pense que nous verrons une réduction conséquente de l’inflation dans l’année à venir », avait indiqué la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, dimanche sur la chaîne CBS.
Une potentielle hausse de 0,5% des taux directeurs de la Fed
Le ralentissement de l’inflation en novembre est en partie dû à l’agressivité de la politique monétaire de la Fed. En effet, la priorité actuelle de l’institution est de ramener l’inflation autour de 2% par an. Pour ce faire, elle remonte progressivement son taux directeur depuis mars 2022. De fait, les taux d’intérêt des prêts des ménages et des entreprises sont plus élevés et ils sont donc moins poussés à consommer, permettant de desserrer la pression sur les prix.
Or, cela fait quatre mois consécutifs que la Réserve fédérale relève ses taux de trois quart de points et la Fed doit de nouveau réunir ce mardi et mercredi son comité de politique monétaire (FOMC) afin de décider de la marche à suivre pour cette fin d’année. Cette fois, le compte-rendu du département du Travail pourrait permettre de freiner le rythme de resserrement monétaire de la Fed. Les marchés s’attendent désormais à une hausse de taux d’un demi-point, une prévision que le président de l’institution, Jerome Powell, avait déjà évoquée fin novembre, expliquant que « le moment de ralentir le rythme des hausses de taux pourrait intervenir dès la réunion de décembre ». Néanmoins, les analystes n’excluent pas complètement un relèvement de 0,75 point de pourcentage, comme lors des dernières réunions.
« La guerre contre l’inflation est à un tournant, mais nous sommes loin de la victoire et la Fed va garder sa position agressive pendant un moment, au risque de mener à la récession », prévient toutefois Richard Carter, analyste chez Quilter Cheviot. En effet, un coup de frein trop précipité pourrait entraîner l’économie américaine dans la récession en 2023.
Les consommateurs américains restent optimistes quant à la baisse de l’inflation
Malgré la hausse des prix à la consommation élevée aux Etats-Unis, les consommateurs américains restent optimistes quant à un retour à la normale de cette inflation, selon une étude de la Fed de New York publiée le lundi 12 décembre. En effet, ils anticipent une baisse de l’inflation à 5,23% en moyenne d’ici un an, anticipation la plus basse depuis août 2021.
« Toute projection d’inflation en 2023 doit être considérée comme particulièrement incertaine », avertissaient toutefois les économistes Joseph Gagnon et Asher Rose, du Peterson Institute for International Economics (PIIE), dans un papier publié le 5 décembre. « Il est possible que les prix des denrées alimentaires et de l’énergie baissent ou que les salaires augmentent plus lentement que prévu ici, entraînant une baisse encore plus rapide de l’inflation. Mais les risques dans l’autre sens semblent plus grands », précisaient-ils.
L’inévitable chute du dollars
« Si l’inflation baisse aux Etats-Unis, la Fed augmentera moins les taux directeurs, conduisant à une moindre attractivité des placements en dollars et donc à une moindre appréciation de ce dernier », déclare Sylvain Bersinger, analyste chez Astérès. Cela s’est vérifié dès l’annonce du département du Travail ce mardi. Le billet vert plongeait de 1,36% face à l’euro à 0,9369 euro pour un dollar à 15h35 et de 1,40% face à la livre à 0,8036 livre.
De plus, la santé du dollar dépendra aussi « de la teneur des discours attendus (jeudi) en Europe de la part de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d’Angleterre (BoE) qui devraient également rehausser leurs taux d’intérêt de respectivement 50 points de base », indique Guillaume Dejean, analyste chez Western Union.
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