Le progrès ne s’arrêtera pas en 2019


16 janvier 2019

2018 a été meilleure que vous ne le pensez. Comme le rappelait il y a quelques jours l’essayiste suédois Johan Norberg sur son compte Facebook, en 2018, dans le monde, 127 000 personnes sont sorties de la pauvreté extrême chaque jour. Le taux de suicide a continué de chuter et la mortalité infantile de refluer. En 2018, l’espérance de vie moyenne dans le monde a dépassé 72 ans. En 2018, le Ghana a éradiqué le trachome, une infection oculaire bactérienne qui touche près de 90 millions de personnes et peut conduire à la cécité. La presse américaine s’étonnait récemment de la chute de la criminalité dans ses grandes villes en 2018, en particulier à San Francisco (-35%), Chicago (-23%) et Baltimore (-21%). En 2018, la Californie a pu faire retirer de la liste des espèces en danger les renards islandais. Le Mexique s’est félicité de l’augmentation de la population de jaguars et le Népal de celle des tigres. En Afrique Centrale, la population de gorilles des montagnes, jusqu’alors très menacée, a dépassé les 1000 individus.

Peut-être considérez-vous que ces bonnes nouvelles sont abstraites. Après tout, en France, nous ne sommes menacés, ni par le trachome ni pas la disparition des tigres sauvages. Pourtant, en 2018, des progrès concrets, qui nous concernent potentiellement tous, ont été réalisés, en particulier dans le domaine scientifique. Ainsi, le Lady Davis Institute a inhibé sur des souris une enzyme impliquée dans les lésions cérébrales associées à la maladie d’Alzheimer. C’est l’une des avancées scientifiques les plus prometteuses dans la lutte contre cette maladie qui frappe 900 000 personnes en France. Aurélien Marabelle, le directeur clinique du programme d’Immunothérapie de Gustave Roussy, m’expliquait il y a peu les avancées dans la lutte contre le cancer. L’immunothérapie, qui consiste à activer le système immunitaire contre une tumeur, donne pour certains patients des résultats étonnants. Les laboratoires pharmaceutiques et les médecins découvrent que l’immunothérapie fonctionne pour un grand nombre de cancers, ce qui ouvre des perspectives prodigieuses, peut-être comparables à la découverte des antibiotiques. On peut mourir de maladie mais aussi d’accident. En France, la sécurité routière a beaucoup progressé en 2018, et pas seulement grâce aux 80 km/heure. Entre janvier et novembre, le nombre de personnes mortes sur nos routes a reculé de 7% et le nombre de blessés hospitalisés de 21%.

Sur le front économique, la France a connu une piètre année 2018, avec une faible croissance, une dette publique qui frise 100% du PIB et un taux de chômage encore énorme, à plus de 9% de la population active. Mais la France est une exception. Dans les économies développées, le taux de chômage est tombé à 4,8% de la population active (en octobre, source FMI). C’est le chiffre le plus bas depuis la date de création de cette statistique en 1980. Chez la plupart de nos voisins, le sujet du chômage a disparu du débat public.

Il ne s’agit pas d’être niaisement optimiste, mais intelligemment confiant. Notre monde fait face à d’immenses défis : l’islamisme, le nationalisme, le réchauffement climatique, le risque de crise financière… Mais l’humanité s’est toujours relevée des drames qui l’ont accablée. La troisième révolution industrielle constitue sur bien des sujets une formidable promesse de croissance et d’emplois. Dans la santé, le transport, l’énergie, l’éducation, elle nous offre des outils qui peuvent être placés au service du progrès, non pas d’un progrès abstrait mais bien concret : un parent soigné d’une maladie considérée il y a peu comme incurable ; une augmentation de la qualité de vie dans les villes ; des enfants qui, au fin fond de l’Afrique, peuvent suivre une scolarité… En 2019, le progrès est une possibilité, et la confiance, une obligation.

Article publié dans L’Express du 9 janvier 2019