Économie : où est la droite ?


11 juillet 2018

 

La qualité de la politique économique découle de celle du débat public. Malheureusement, depuis l’élection présidentielle, seuls les extrêmes sont audibles. Les partenaires sociaux, le parti socialiste et la droite modérée ne proposent rien de sérieux et il est dans l’intérêt du pays que cela change.
Les syndicats connaissent une crise profonde. Ce phénomène est particulièrement accentué en France où le paritarisme est biaisé depuis 1945. Les gouvernements ont, dès le départ, multiplié les institutions paritaires et les postes à pourvoir pour occuper les syndicats contestataires comme la CGT. Emmanuel Macron a souhaité mettre fin à ces dérives. Les ordonnances-travail et la réforme de la formation professionnelle ont été commandées par L’État. Les partenaires sociaux y ont à peine participé. Le même schéma est en train de se dessiner avec la réforme de l’assurance-chômage. Il ne manquerait plus que l’État leur ôte la gestion des retraites complémentaires… Le paritarisme français a été quasiment détruit et il est à réinventer.
Partout dans le monde, les partis sociaux-démocrates sont décimés pour une raison de fond : l’endettement public atteint dans de nombreux pays interdit aux socialistes modérés d’augmenter les dépenses publiques, ce qui fut leur sport favori pendant des décennies. Quant aux réformes sociétales, elles sont banalisées. Les pays ouvrent, les uns après les autres, le mariage aux homosexuels, et on peut parier qu’il en sera de même avec la procréation médicalement assistée pour les couples de même sexe.

La droite, quant à elle, ne peut pas se couvrir derrière de telles excuses. Certes, la politique économique menée par l’actuelle majorité correspond à ce que la droite aurait dû faire quand elle était au pouvoir : flexibiliser le marché du travail, baisser la fiscalité du capital, refondre la formation professionnelle, assouplir les seuils sociaux, supprimer le forfait social sur l’intéressement, mettre en place d’un budget de la zone euro… Mais la politique actuelle reste critiquable et incomplète.
En voici quatre illustrations. Premièrement, le gouvernement n’a toujours pas proposé de plan précis d’optimisation des dépenses publiques, ce qui empêche notre dette souveraine de diminuer. Deuxièmement, la majorité ne propose aucune vision des compétences et des moyens des collectivités locales, raison pour laquelle la suppression de la taxe d’habitation se mue en mikado fiscal que les Français risquent de considérer comme une arnaque de plus. Troisièmement, la loi Pacte veut modifier le Code civil afin d’obliger les entreprises à « prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux ». Ce mélange de morale et d’économie est doublement dangereux. D’une part, parce qu’il soumet la propriété à un « bien commun », en contradiction avec l’héritage de 1789, d’autre part parce qu’il « oblige » les entreprises là où, dans un état de droit, la puissance publique devrait se contenter d’interdire.
Enfin, quatrièmement, sur le principal sujet du XXIe siècle, qui est celui de la convergence du numérique, de la robotique et de l’intelligence artificielle, le gouvernement ne propose rien qui soit à la hauteur. Le rapport Villani est excellent, mais il faudrait le mettre au carré et en application dès demain pour espérer commencer à rattraper notre retard vis-à-vis de la Chine et des États-Unis. Les milliards dépensés dans le prétendu service national seraient ainsi tellement plus utiles s’ils augmentaient la dotation budgétaire de nos centres de recherche…

Sur la plupart de ces sujets, les Républicains sont muets. Pourtant, bâtir un programme de droite, en économie et ailleurs, serait utile et relativement simple : libéralisme économique, réinvestissement dans l’État régalien, lutte contre les communautarismes, immigration choisie et réalisme géopolitique.

 

Article publié dans L’Express du 4 juillet 2018