Alerte éco – Les affaires stagnent, la méthode gouvernementale doit changer
L’Insee a publié ce vendredi l’indicateur de climat des affaires de janvier 2015.
Janvier 2015, le climat des affaires est stable. Depuis septembre 2013, l’indicateur oscille entre 91 et 95 points, symbole de la stagnation économique française.
– Pour quiconque a tendu l’oreille au discours de Barack Obama mardi dernier devant le Congrès, l’écart est grand. « Ce soir nous tournons la page d’une violente récession » déclarait le Président américain. La croissance américaine en 2014 s’élève à 2,4%, la croissance britannique à 2,7%. Pourquoi donc, quand nos voisins anglo-saxons vivent une période d’activité économique soutenue, la France stagne-elle ? Pour mémoire, la croissance française devrait atteindre 0,4% en 2014.
– La faible croissance française trouve son origine dans des causes conjoncturelles (faiblesse de l’investissement et de la consommation au niveau européen) et structurelles (fonctionnement du marché du travail, niveau de prélèvement fiscal au niveau national).
La politique économique communautaire qui se met actuellement en place au niveau européen invite à une action forte au niveau national. Quand la BCE et la Commission agissent sur des leviers conjoncturels (taux de change, crédit, investissement), la politique économique nationale doit lever les blocages structurels. Pourtant, le Président de la République semble ne plus vouloir fouler le terrain économique d’ici la fin du quinquennat : pas de grandes mesures en vue.
– L’action de la BCE en faveur d’une reprise de l’activité, grâce au lancement d’un ambitieux plan de quantitative easing (QE), combinée au plan d’investissement de Jean-Claude Juncker, fait espérer un retour à une croissance plus dynamique en Europe. La baisse de l’euro (renforcée par le QE) et des cours du pétrole crée une situation macroéconomique favorable à une reprise de l’activité.
– Les origines de la faible croissance structurelle française sont rabâchées par les économistes et les média depuis des années : coût du travail trop élevé (auquel le Pacte de Responsabilité tente d’apporter une réponse), sur-réglementation de certains marchés, rigidité du droit du travail. Le blocage de la France ne tient pas dans l’ignorance des mesure (créer un contrat de travail unique, simplifier la réglementation, lever les seuils sociaux) mais dans l’incapacité à les mettre en œuvre.
– La méthode Hollande consistait au début du quinquennat à se reposer sur le dialogue social : laisser les partenaires sociaux se saisir d’un sujet et, s’ils ne trouvaient pas d’accord, poser une décision du gouvernement. L’idée, inspirée notamment des sociales-démocraties nordiques, a tenue deux ans après avoir accouchée d’une souris sur le contrat de travail unique. Depuis, le gouvernement lance des propositions (seuils sociaux, indemnisations chômage, professions réglementées) pour les oublier quand elles sont critiquées, ou commence des réformes (fiscalité des plus-values de cession, fiscalité de l’épargne) pour reculer quand elles sont contestées. L’économie stagne encore et toujours, les réformes sont connues, à nos inventifs politiques de trouver des méthodes pour les faire accepter.