Alerte éco – La France est loin d'avoir changé de modèle économique
L’Insee a publié ce mardi 23 décembre les comptes trimestriels détaillés du T3 2014.
Au T3 2013, le PIB en volume augmente de 0,3%. L’analyse détaillée des comptes révèle une donnée fondamentale : derrière les grands discours et les maigres actes du gouvernement, la France est loin d’avoir changé de modèle économique. La leçon de ce T3 est claire : on ne révolutionne pas l’économie française en trois coups de cuillère à pot.
La croissance économique du T3 est tirée par la demande intérieure. La consommation des ménages augmente de 0,3% et celle des administrations publiques de 0,6%. En décalage avec les discours sur la politique de l’offre, la croissance française reste nourrie par la demande.
Alors que la reprise de l’investissement constitue l’une des clefs de l’activité en France (et plus largement en zone euro), la FBCF des entreprises non-financières baisse (-0,6%), tout comme celle des ménages (-1,7%) et des administrations publiques (-1,3%). A moyen et long terme, la compétitivité des entreprises françaises dépend des investissements réalisés. Une politique de l’offre devrait justement reposer sur l’investissement : amélioration de la croissance potentielle de l’économie française et le renforcement de la compétitivité qualité des entreprises.
Enfin, le commerce extérieur contribue négativement à la croissance économique (-0,2 point). La compétitivité des entreprises françaises continue de s’éroder sur les marchés internationaux.
Derrière le difficile changement des ressorts de la croissance économique (exportation ou demande intérieure, investissement ou consommation), d’autres traits spécifiques de l’économie française restent saillants.
La faible croyance en l’avenir et la préférence des Français pour l’épargne se renforcent : le taux d’épargne des ménages s’élève à 15,8% (contre 14,6% au T4 2013). L’enjeu de cette épargne française repose sur les banques : elles doivent drainer ces fonds vers les entreprises et des investissements productifs.
Cependant, le recours des entreprises au crédit continue de reculer. Le taux d’autofinancement des entreprises est en hausse et atteint 76,4% (contre 75,2% au T4 2013). Un effet d’éviction est probablement créé par les emprunts publics.
Malgré les objectifs de réduction du déficit public, le besoin de financement des administrations publiques se creuse toujours : 4,6% du PIB (contre 4,1% au T4 2013). Les recettes augmentent mais la hausse des dépenses est plus rapide.
Le tournant de la politique de l’offre, voulue par le gouvernement, ne porte pas encore ses fruits. Alors, victoire des frondeurs du PS, la croissance économique française repose et doit continuer de reposer sur la demande intérieure privée et les dépenses des administrations publiques ?
La politique économique du gouvernement n’a pas pêché par sa direction mais par son ampleur, trop faible, et par sa vitesse, trop lente. Si le gouvernement veut bénéficier des fruits économiques puis politiques de son action, il convient de la renforcer. Les sujets ne manquent pas : seuils sociaux, choc de simplification, contrat de travail unique. Pour autant, afin de changer de modèle de croissance avant la fin du quinquennat, il faut changer de méthode politique : agir vite et fort.