Alerte éco – Chômage : réformes ou réformettes ?
Le jeudi 26 mars, l’Insee a publié les chiffres du chômage du T4 2014.
Au 4ème trimestre 2014 en France, le taux de chômage au sens du BIT s’élevait à 10,4% de la population active, soit 2,9 millions de personnes. Au cours du trimestre, le nombre de chômeurs a augmenté en France métropolitaine de 36 000 personnes.
– Le marché du travail français comporte une particularité : les CDD représentent 91% des intentions d’embauche d’après l’Urssaf quand le taux d’emploi en CDD et intérim n’est que de 6,8%.
– L’accès à un emploi stable est bloqué : le marché du travail français est devenu un marché de l’intérim et des CDD. Plus que jamais, le CDI protège les français déjà dans l’emploi et exclut les demandeurs d’emploi. Le droit du travail, en protégeant les emplois existants, limite la création de nouveaux postes. Pourtant, l’optimum économique ne réside pas dans le refus de la destruction d’emplois mais dans la quête d’un solde créations – destructions positif.
Atteindre un solde positif de créations d’emplois – destructions d’emplois nécessite de mener des réformes structurelles fortes dans le cadre d’une reprise conjoncturelle.
– Le chômage français est essentiellement composé d’un chômage dit « structurel ». D’après l’OCDE, même avec une croissance du PIB de 1,5%, le taux de chômage en France ne descendra pas sous les 9%. L’inversion durable de la courbe du chômage passe par des réformes de fond : contrat de travail unique, levée des seuils sociaux, choc de simplification, nouvelle baisse du coût du travail, libéralisation de certains secteurs.
– La plupart de ces réformes ont un effet déflationniste (baisse des coûts, renforcement de la concurrence). En phase de récession, une libéralisation du marché du travail augmente le taux de chômage (les entreprises débauchent car les emplois sont moins protégés et elles n’embauchent pas car leur carnet de commande est vide). Les réformes structurelles nécessaires à la baisse du chômage français doivent donc de préférence être mise en œuvre dans un environnement de reprise conjoncturelle.
La conjonction de la politique de quantitative easing de la BCE, de la baisse de l’euro, du plan d’investissement européen de Jean-Claude Juncker et de la baisse des prix de l’énergie crée un environnement particulièrement favorable à la croissance. Dans le monde idéal de la conjonction des temps de l’économie et du politique, le moment des grandes réformes a sonné.
– Facteur d’espoir : le gouvernement a conscience des réformes structurelles à mener. Les sujets du coût du travail, du contrat de travail unique, de la complexité administrative, des seuils sociaux, de la déréglementation de secteurs ont tous été abordés depuis le début du quinquennat.
– Facteur de doute : jamais les réformes envisagées ou mises en œuvre n’ont eu une ampleur suffisante. L’Ani a accouché d’une souris, les seuils sociaux sont repartis aux oubliettes après un tour de chauffe médiatique, la déréglementation se limite aux autocars et aux magasins de bricolage, le CICE entre en conflit d’intérêt direct avec le choc de simplification et le Pacte de responsabilité échoue doucement sur l’absence d’accords de branches.
– Décidé à réformer coûte que coûte, le gouvernement a même dégainé le 49-3 pour faire voter la loi Macron. La conjonction d’un retour de la volonté politique nationale et d’une conjoncture internationale favorable suffira-t-elle à faire adopter des réformes d’une ampleur suffisante ? Répondre oui relèverait d’un acte de foi. Et en politique plus qu’ailleurs, on ne doit croire que ce que l’on voit, des réformettes.
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